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Plus de temps libre mais moins de revenu Plus de temps libre mais moins de revenu

Une étude subventionnée par l'Union européenne a analysé les conséquences socio-économiques de la mise en place du robot de traite dans 562 élevages européens.

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Le robot fait rêver ou effraie, mais les éleveurs manquent souvent de recul et de références pour juger de l'utilité de cet investissement. Depuis trois ans, des chercheurs européens financés par Bruxelles ont enquêté auprès d'élevages qui ont fait le choix de la traite automatisée. Seuls ceux équipés d'un robot depuis plus de trois ans ont été retenus. L'objectif était de déterminer l'impact du robot sur l'organisation du travail et le revenu de l'exploitation.

Réduction de la mise à l'herbe

Le temps de travail de l'exploitation laitière est fortement lié à la conduite du troupeau et particulièrement à la mise à l'herbe. L'étude a montré que la taille du troupeau n'était pas affectée par la mise en place du robot. Plus de la moitié des élevages équipés possèdent entre 70 et 100 vaches, et la traite automatisée est rarement employée au-delà de 130 vaches.

Avant l'arrivée du robot, la plupart des exploitations utilisaient le pâturage au moins 8 heures par jour. Un grand nombre d'éleveurs ont remis cette pratique en question et 52% d'entre eux alimentent désormais leurs vaches en stabulation pendant l'été, contre 15% avant l'arrivée du robot. Moins de 10% pratiquent le pâturage illimité et 23% mettent leurs vaches au pré entre 8 et 12 heures par jour. Ils ne sont que 6,5% à pratiquer le zéro pâturage. D'après Kees de Koning, chercheur spécialisé dans la traite automatisée, les vaches sont nourries à l'intérieur afin qu'elles trouvent une motivation pour retourner vers le robot.

Diminution du temps de travail

En moyenne, les éleveurs européens ont constaté une réduction de 20% du temps de travail avec la mise en place du robot. Cette diminution est particulièrement visible dans les pays comme le Danemark, où le recours à de la main-d'oeuvre salariée est fréquent. Dans cette situation, les chercheurs ont constaté une réduction du nombre d'employés après l'introduction du robot. Au-delà de la diminution totale du nombre d'heures consacrées à l'atelier laitier, les éleveurs constatent aussi une répartition différente de leur temps. Ainsi, s'ils n'ont plus l'astreinte de la traite, ils passent plus de temps à observer leurs animaux. Peu d'exploitations profitent de ce gain de temps pour agrandir leur élevage. Dans plus de 80% des fermes de l'étude, le temps dégagé par le robot est employé pour des activités hors de l'exploitation (responsabilités professionnelles ou pluriactivité).

Plus de 90% des éleveurs estiment que leurs conditions de vie se sont améliorées avec l'arrivée du robot. Le stress engendré par la mise en place de la traite disparaît au fil des mois. En revanche, la plupart des chefs d'exploitation s'avouent inquiets à l'idée de recevoir un appel automatique leur indiquant une panne sur leur installation.

Investissement lourd

«Le prix d'achat est un point de réflexion fondamental lors du choix entre un système de traite automatisée et une installation classique», indique Erwin Wauters, du Centre d'économie rurale de Louvain (Belgique). «Le prix d'une salle de traite classique dépend de son équipement en automatismes comme le décrochage et les moniteurs individuels. En moyenne, il faut compter 50.000 euros pour une installation convenant à 80 vaches et dont le niveau d'automatismes est comparable à celui d'un robot.» Le prix d'un robot dépend du système de reconnaissance des vaches et du logiciel employé. Une installation avec un robot revient en moyenne à 128.000 euros, sans compter l'aménagement de la laiterie. Pour une double stalle, il faut compter en moyenne 220.000 euros. «L'augmentation du niveau d'automatismes provoque une hausse de la consommation d'électricité», constate Erwin Wauters. Ces hausses varient du simple au double selon les marques mais on constate en moyenne une augmentation de 42,3% de la consommation avec la mise en place du robot. En revanche, la consommation d'eau n'augmente que de 2% par rapport à un système traditionnel.

Baisse du revenu

L'enquête réalisée auprès des 562 élevages montre que, deux ans après la mise en place du robot, le revenu a diminué, en particulier dans les exploitations qui n'emploient pas de main-d'oeuvre salariée. Avec le robot, la fréquence de traite peut être plus élevée qu'avec une salle de traite et la production augmente parfois de plus de 6%. Toutefois, cette progression n'est effective qu'après un an d'utilisation. Néanmoins, la mise en place du robot s'accompagne généralement d'une baisse de qualité du lait au niveau du taux protéique et du taux butyreux. «Ces problèmes de qualité s'accompagnent d'une baisse du prix du lait de 2 à 4% selon les filières de collecte, explique Kees de Koning. Lorsqu'on raisonne en euro par kilogramme de lait, l'éleveur perd en moyenne 2 centimes par rapport à la traite traditionnelle. L'atelier laitier ne suffit pas à rentabiliser le robot.»

«Le système ne devient bénéficiaire que lorsque le temps dégagé est employé pour une activité qui génère un revenu ou lorsqu'il participe à la réduction de la masse salariale», conclut Erwin Wauters.

 

Hygiène : nettoyage sous haute surveillance

Plusieurs méthodes dérivées de la traite traditionnelle sont appliquées au nettoyage du robot. La plupart utilisent un nettoyage par circulation d'eau froide ou par désinfection à l'eau bouil-lante. Le temps de lavage varie entre 37 et 130 minutes selon les marques, avec une consommation d'eau comprise entre 284 et 495 litres par jour. La qualité bactérienne du lait s'améliore nettement lorsque l'on procède à trois lavages par jour au lieu de deux. Deux lavages peuvent être suffisants pour conserver une bonne qualité mais il faut alors maîtriser parfaitement la programmation du robot et l'entretenir régulièrement.

 

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